KAODAM


 Je suis un océan et mon cœur est un poisson qui a le hoquet.

 

Je me suis perdue, aveugle, au milieu de nulle part.
Me cognant sur tout ce qui ressemble à un départ,
Et surtout sur rien qui n’ait pas la violence d’un rempart.
Cherchant la ligne blanche du matin sans brouillard,
Tapant du poing, hurlant au loin, la rage de prendre ma part.

 

Ose perturber le saxophone qui te répondait sagement.
Goûte la tiédeur gouleyante des rouleaux fâchés du Léman.

 

Écoute, écoute, la fée qui s’est blessée en dormant:
« Le chemin de la perfection est aussi joli que la perfection elle-même. »

 

Et surtout, surtout, parle à l’enfant qui savait.

 

KAODAM-DAM-DAM

 

Pourtant il y a ce lieu serein.
Un pas, et j’y existerai enfin,
Un pas, encore, et la lutte prendra fin,
Un pas, encore, et ma fin rencontrera vos faims,
Un pas, encore, et nous nous porterons plus loin.

 

Fais un bond de plus et les pourquoi deviendront des alors.
Sors de toi et l’amour n’appellera peut-être pas la mort.

 

Écoute, écoute, le grand aigle à l’œil sévère et aux bras aimants:
« Tu vaux mieux que tes chagrins et tes pleurs. »

 

Et surtout, surtout, parle à l’enfant qui savait.

 

KAODAM-DAM-DAM

 

Je contourne le cadavre du hérisson à minuit.
Les arbres pleurent longtemps encore après la pluie.
Le lac chante plus fort encore lorsque l’orage a fui.
Je danse toute seule au milieu de la foule transie,
Fière de la folie heureuse, confiance audacieuse, au corps saisies.

 

Respire les premières roses que tu as séchées.
Souviens-toi toujours de la compassion du chevalier.

 

Écoute, écoute, tes nouveaux frères et tes grandes sœurs de calame:
« Tu es forte. Tu es forte. Tu es forte. »

 

Et surtout, surtout, parle à l’enfant qui savait.

 

KAODAM-DAM-DAM

 

 CHAOS D’ÂME

 

Alors je nous aime.
Dans nos erreurs, terreurs,
Contradictions, malédictions,
Fulgurances, démences,
Beautés, sincérités,
Solitudes, sentiments,
Brutalités, fragilités,
Dans notre humanité.

Je nous aime.
Parce que je ne veux pas nous haïr.

 

Écoutez, écoutez-moi, maintenant:

« N’oubliez pas de me faire l’amour dans un mot. »

 

 

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