Campagne


[En sortant du Théâtre du Jorat le 29 avril 2016, après avoir vu Fractus V de Sidi Larbi Cherkaoui. La captation est disponible sur Arte jusqu’au 17 novembre 2017!]

 

dépaysement de citadins
sur banc de bois

 

les premières notes s’égrènent
frissons déjà

 

voix d’Afrique
musique d’Orient
danse d’Europe

 

polyphonie
polysémie

 

voyage global
volupté locale

 

folklores versicolores
contemporanéités métissées
interculturalités

 

provocation
prise de position
mais est-ce vraiment de la subversion

 

discours doublement distancié
liberté de pensée dansée

 

fluidité maximale
temps brutal
mais sans à-coups

 

coups de feu simultanés
dérouillée décélérée

 

singer déranger
mais nous révoltons-nous encore

 

percussions d’ombre
papillon de nuit
beauté monstrueuse
mais qui est le monstre

 

violence simulée
jeu vidéo ou Syrie et ceux qu’on oublie
mais n’est-ce qu’un simulacre

 

synchronicité
désynchronisation

 

de tous un organisme
orgasme de peau
parce qu’être ensemble
mais être soi

 

être tranquille aussi
mais alors comment

 

le silence
oui c’est cela

 

arrêter de penser ses propres pensées
pour écouter celles des autres

 

art engagé
mais est-ce un absolu

 

la générosité
oui c’est cela

 

il y a le cercle parfait
surtout son explosion
sauvage sublimation

 

au sol des formes
et corps en réforme

 

géométrie
asymétrie

 

mouvement fractal
geste fracturé

 

symboles suggestifs
de simples réalités
mais n’est-ce pas plus compliqué

 

émotion en submersion
sourire sans sous-titre
mais il faut bien finir

 

le public ovationne comme un seul homme
claque salvatrice catharsis consolatrice

 

le monde semble étrange et nu en sortant
mais il faut bien sortir
et beau et désespérant

 

le cœur littéralement gros
mais gros de quoi

 

et le public repart voitures et bus en colonne
et il y a les étoiles bien sûr
et cet arbre squelettique
et les reliefs de petites lumières
en descendant du Lavaux vers le Léman
et le klaxon quand je ne sors pas assez vite
de la voiture qui me dépose

 

il y a des mots pour ce qui reste dans les yeux
mais comment décrire le tout

 

ce n’est pas seulement une vision du monde
qui nous a été donnée ce soir

 

c’est toute notre humanité
qui nous a été rendue pour voir