Au bout


En promenade dans VeveyTrop de bruits.
Trop d’odeurs.
Trop de détails.
Assommée par les sens.

Et ces homards peints sur la façade?
Assommée par les non-sens.

J’en ai assez
de trop
de presque rien
de beaucoup trop
de rien du tout.

Je suis fatiguée.
Laisse-moi souffler.

Je m’assois sur le trottoir.
Les pieds dans le caniveau.

Je résiste à l’assommoir.
Les larmes dans le caniveau.

Courant d’air sur mon épaule gauche.
J’en ai marre d’être toujours gauche.

Je m’endors les yeux ouverts,
les yeux ouvreurs.
Nuit insomniaque,
jour rêveur.

Nuit au-delà.

Au bout des corps.
Qu’y a-t-il alors ?

Sentir la vie RUGIR.
Aider l’amour à rougir.
Inviter la mort à venir.

Mon amour pour toi est un cadeau.
Non une promesse.
Ne me prends pas pour une princesse.

En promenade dans VeveyRefuser la peur.
Refuser de savoir.

Si tu vas me quitter.
Si tu vas me choisir.
Si le passé sera libéré.

Préférer connaître.
TE connaître.
Te REconnaître.

Préférer le présent,
à tous vents,
à tous présents.

LE présent.

HURLER à la vie qui revient.

Accepter qu’il y ait une fin.
Remercier s’il n’y en a pas.
Pas à pas.

La mort viendra au bout.
Sans toi.

Accepter de tomber.
Si c’est pour planer.
Sur tes paupières abandonnées.

L’espace s’agrandit de trop le contempler.
Le temps se rétrécit de ne plus l’attendre.

Les oiseaux en concert.
Cacophonique.

Je les écoute égrainer les heures.
Chaotiques.

Du noir, au gris, au blanc.
Blanc sale,
blanc déchiré.

Le jour ralentit à l’approche de ta fenêtre.
La lumière dévisse à l’accroche du voilage.

Déchire-moi.
Le blanc cache l’arc-en-ciel.

Et cette cacophonie.
Où est le ciel ?

Il y a des chevaux qui ruent dans mon corps.
Des galops qui hennissent dans mes veines.
Des sabots qui martèlent dans mes cellules.

Liberté.
Liberté.
Croyante.
Crédule ?

Je veux vivre.
Vivre à en crever.

Il y a au bout de ta langue,
au bout de ton sexe,
au bout de la nuit…
Il y a moi.

Quelque chose va lâcher.

 

 

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